Mon recueil de textes poétiques « A la poursuite d’une vérité mesurable » paru aux éditions Unicité est disponible en ligne :
http://www.editions-unicite.fr/auteurs/MATTIANI-Rose-Marie/Verite/index.php
LE 18 AVRIL 2015 À 17H, RENCONTRE-LECTEURS ET LECTURES À LA MÉDIATHÈQUE D’ARGELÈS SUR MER.
Samedi 18 avril, à la Médiathèque d’Argelès, l’association Les Amis de la Médiathèque organisait dans le cadre de ses « Aprem ‘ littéraires » une rencontre avec Rose-Marie Mattiani pour son recueil de textes poétiques « A la poursuite d’une vérité mesurable » paru aux éditions Unicité. Michelle Andréani, Présidente de l’association, a présenté l’auteure devant une quarantaine de personnes réunies pour l’occasion, soulignant le fait que cette dernière, écrivain public et animatrice d’ateliers d’écriture, dont celui de l’association au sein de la Médiathèque d’Argelès depuis mai 2008, écrit depuis l’enfance. Son prochain livre paraîtra peu avant Noël prochain, d’autres sont en cours d’écriture.
Des lectures d’extraits du recueil ont été effectuées par Serge Calmels, Cathy Dahan Evelyne Bordet et l’auteure elle-même en alternance avec des échanges avec le public. Ainsi, les échanges ont porté notamment sur la forme d’écriture des textes, dans une écriture « non conforme, non modélisée » jouant avec les blancs et l’espace de la page, en relation directe avec la formation initiale en arts plastiques de Rose-Marie Mattiani.
Son écriture spatiale, en effet, ne choisit pas entre prose, vers libre et narration : nul besoin de ponctuation dans cette écriture qui n’a pas de fin où « tout fait trace » et où la vie, la mort, le passage des choses sont évoquées là où « le rêve est à l’honneur ».
Le recueil, ouvert par un texte préambule où s’exprime le sens de son titre énigmatique, « des signes agencés / en lignes / serties / dans l’incertain / à la poursuite / d’une vérité mesurable » « appliqués à saisir/les mouvements de la mémoire /…/ l’éclat du réel / une espèce d’obscurité du fond de l’origine du langage » nous emporte dans une langue minimale et poétique loin d’avoir laissé insensible le public. La rencontre s’est terminée autour d’un verre de l’amitié où les échanges ont pu se poursuivre.
– LE 14 AVRIL À 19H30, UNE RENCONTRE-LECTEURS ACCOMPAGNÉE DE LECTURES a ete ORGANISÉE À LA LIBRAIRIE ERE, 111 BOULEVARD DE MÉNILMONTANT PARIS 20par les éditions unicité.
Il est possible de se le procurer En ligne sur le site de mon éditeur :
http://www.editions-unicite.fr/auteurs/MATTIANI-Rose-Marie/Verite/index.php
EXTRAITS :
Son royaume. Terre noire. Terre de Sibérie l’hiver. Craquelée. Couverte de voiles de gel. Terre aride. Inféconde. Renaît. De ses grandes mains manipulant les outils. Manches de bois usés. Pelle. Pioche. Râteau. Toujours rangés dans le bon sens. Contre le mur. Ses gestes doux caressant la terre. Fine la terre tamisée. Le grand tamis de bois lentement secoué. Petits trous. Fil tendu bien droit entre deux piquets. Au sol. A genoux. Courbé. Toujours. Genoux noirs. Gestes délicats déposant les graines. Dans les trous de la terre. Fine. Jours qui passent. Jours. Nuits. Arrosages. Premières pousses. Emotions gemmes.
de l’eau beaucoup d’eau alentour
sensation d’île
ponton de bois
vieux le bois
vagues calmes
temps idéal
lignes verticales
droites ou penchées
piquets de bois tendus de cordes
détendues les cordes
le soleil miroitant dans l’eau
jeux de reflets parmi les vagues
plus bas sous la surface
kyrielle de petits poissons
virgules argentées écrivant dans l’eau courante
tout cela
un bateau à moteur longe la ligne d’horizon proche parallèle à une montagne de collines éparpillées comme des poissons dans lesquels l’eau
éponge
laisser la chaleur du soleil
picoter les bras
un oiseau plane en surface agite ses ailes blanches
n’a pas le temps d’inscrire sur l’eau son ombre
cris de mouettes cris d’hommes
le chien couché sur le ponton le chien blanc le chien blanc et noir qui accourt au sifflet du maître blanc est blanc et noir comme le papier et l’encre
algues
morceaux d’herbes longues
flottant lascivement à la surface de l’étang
points virgules lumineux du ciel
sons du clapotis de l’eau
écrire en silence sur le ponton
vieux le bois
en son milieu des planches neuves
on est parti ni trop tôt ni trop tard cependant ne connaissant pas la route avec quelque appréhension ayant imprimé un itinéraire découverte éloigné des autoroutes avec un désir d’eau et d’étangs un cadre sublime le dimanche matin la ville est déserte sur la départementale 109 une caravane un camion et la voiture que je ne connais pas très bien a-t-elle assez de reprise pour doubler on est prudent peu téméraire et puis on a envie de profiter du paysage on a doublé la caravane le camion on a roulé laissé derrière nous le château de Salses contourné Sigean enfin on s’est trompé d’itinéraire on a pris la route de Peyriac-de-Mer on devait avoir envie de visiter Peyriac-de-Mer même furtivement puis de rejoindre Bages d’Aude par la petite route qui relie les deux villes colonne au milieu des étangs langue de bitume entourée d’eau qu’on n’a plus le temps de contempler mais pour laquelle on ralentit en se disant je reviendrai je reviendrai
dans le rétroviseur on a laissé là sur la gauche les flamants roses frôlés du regard calmement détendus au milieu de l’eau immobiles comme ce dimanche matin de mai je reviendrai je reviendrai
J’étais autrefois bien nerveux. Me voici sur une nouvelle voie : je mets un étang sur ma table. Puis je me mets dans cet étang. Quelle tranquillité ! Ça a l’air simple. Pourtant il y a vingt ans j’essayais ; et je n’eusse pas réussi, voulant commencer par là[1].
[1] D’après Henri Michaux, Lointain intérieur
ExtraitS de « A la poursuite d’une vérité mesurable », recueil de textes poétiques aux éditions Unicité. L’acheter en ligne :
est invisible
cet invisible
ce que tu ne vois pas
ce que tu n’entends pas
ce qui t’absurde et t’indiffère
dont tu ne retiens rien
dis-le moi dis
dis-le moi dis
– dis-moi
c’était demain
c’était hier
là aujourd’hui tout près
plus près encore
rapproche-toi
murmure-moi
tu te rappelles
ta chevelure dénouée la première fois
plus près tes chaussures
lacées
délacées
cet entrelacs
cet entrelacement
ce lacis-là
ces lacets sans cesse défaits
ces risques de chute de rupture
ces lacets sans cesse défaits
nos entrelacements dérisoires
nos lassements ma lassitude
ta désinvolture
tu te rappelles
tes chevilles dénudées la première fois
ces grains de sable
agrippés au châle de ta peau
ces grains de sable
où s’écorchaient nos tumultes
nos poussières déjà
tu te souviens
tes chevilles dénudées de tout
désencombrées du rien
comme des décombres
tes chevilles dont il ne restait que les épluchures
dont nous nous délections
nous avions en commun
la dérision
nous avions en commun
de nous contenter de peu
nous avions appris
est invisible
cet invisible
cet invisible invincible
inéluctable
de poids léger et si lourd
cet invisible vaincu par ce grain de sable
amarré au châle de ta peau
lorsque penchée sur tes chevilles
tu renouais tes lacets
enlacés délacés relacés
tes cheveux
qui mangeaient le sol
dans ce cri silencieux
rhabillant l’exil
tu renouais tes lacets
déjà tu t’éloignais
comme
j’oubliais déjà
jusqu’au
bruit
de
tes
pas
les abeilles bourdonnent
figues
tombées
au sol
chapeau de soleil sur les yeux
lumière
filtrée à travers la paille
un bel insecte remonte un brin d’herbe
qui plie sous son poids à mi-chemin
le ventre se soulève
se baisse
au rythme d’une respiration lente
au
ciel
étoilé
les poissons de miel
regardent
d’autres poissons offrir au soleil
leurs nageoires pleines d’écailles
comme une invitation au voyage
au pays des oiseaux
dans
l’imaginaire
paradis
de la
boîte
à
bonheur
à quoi songent les éoliennes
vastes oiseaux des terres
dont les pâles pales
virent inlassablement
dans la pâleur du soir
le ciel qui les domine
a mine
de crayon mâché
à leurs pieds
les prés
lavés par l’hiver
lentement broutés
par des ruminants impavides
aux flancs malmenés
en flaques de rouille
l’espoir que mendient les mouches
ourle leurs yeux
disperse leurs bouches
au vent révolu des marins
le travers des vitres du train
lancé dans le jour
donne à la nuit
la trouée de l’obscur
de ses wagons d’absence
dont les couleurs ont le glauque
de l’étang jadis mauve
à quoi songent les éoliennes
vastes oiseaux des terres
dont les pâles pales
tournent à en trouer le temps
leurs silhouettes élancées
à l’élégance de pélican
zèbrent de brillances
l’absurdité du jour
vendu au noir
le travers des vitres du train
a des travers bien singuliers
d’effacement
de figement
en rafales
opacité ouverte
opacité nouvelle
opacité offerte
le travers des vitres du train
a reflet
de lumières changeantes
d’images imaginées
de pâles pales transies
humidifiées
au froid de la nuit
au rythme
du chant du rail
chuchotements d’absences
il fera beau demain
bientôt à nouveau
le jour vient après la nuit
comme la lumière pénètre le noir
banalités nocturnes
redondances dérisoires
les pâles pales lointaines
qui sourient à la lune
détournées de la mer
de la houle
du ressac
ont les amertumes
des laboureuses d’ombre
éboueuses des décombres et des larmes
raflées d’un présent rétif
leurs hélices pâlissent
à se perdre
aux yeux clairs des bovins
rumineuses silhouettes
jaillissant de l’éclair
d’un travers
de fenêtre