Le 17ème Printemps des Poètes du 7 au 22 mars a été, comme chaque année, dignement fêté à Argelès-sur-Mer au travers d’une exposition des Amis de la Médiathèque à la Galerie Marianne, où les artistes ont créé sur le thème de cette 17ème édition : « L’insurrection Poétique ».
« Notre exposition va rendre compte de ces multiples formes d’insurrection » explique Michelle Andréani, Présidente de l’association organisatrice. Pour l’édition 2015, l’exposition est composée d’œuvres écrites et picturales réalisées par des artistes amateurs : sculptures, photographies, œuvres plastiques et, comme il se doit, poèmes, témoignent de la participation active de tous.
J’y ai été invitée à lire mon poème « Prière » lors du vernissage de l’exposition, samedi 14 mars : un grand moment de partage et de plaisir…
Prière
Aux condamnés à la mutité
Aux candides
Aux épuisés
Aux enclins au doute perpétuel
Aux dépositaires émouvants
A ceux qui sont pleins de larmes
A ceux qui cherchent leurs mots
A ceux qui préfèrent les éviter
A ceux qui ânonnent des paroles obscures
A ceux dont l’enfance n’est que lambeaux
A ceux qui déplient leur froissement d’âme en forme d’ailes
A ceux qui tombent et se relèvent
A ceux qui roulant dans la poussière en sortent grandis
A ceux qui sont sortis vivants de l’enfer
A ceux qui bandent encore parmi les ruines
A ceux dont l’unique œil-nombril voit tout en noir
A ceux qui vivent dans un épuisement consenti
A ceux aux archives vacillantes préférées stables
A ceux qui ont perdu le goût de thésauriser
A ceux quittant le circuit social de la domestication
A ceux pour qui la solitude est référente
Aux centenaires nostalgiques
A ceux qui ont renoncé aux jugements d’autrui
A ceux dont les ventres brillent dans la nuit comme ceux des vers luisants
Aux vivants la sensation d’être des miraculés
Aux corps de vieilles branches qui ont le rire enfantin
A ceux dont la faculté d’émerveillement reste intacte
A ceux éclairés par leur ombre
A celui qui se surnomme « le vieil Ulysse »[1]
A celui qui put dire à la fin de sa vie
« Je sais mieux ce que je sais »[2]
Aux humbles mortels.
Rose-Marie Mattiani