Onze ans à l’Invit

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De 1999 à 2010, j’ai animé l’atelier d’écriture hebdomadaire de l’Invit, au sein de « l’Invit » à Perpignan, association d’accompagnement de personnes dépendantes aux substances psycho actives (drogue, alcool) vers l’autonomie par le biais d’ateliers d’expression.

C’est avec ce public qui m’était totalement inconnu, en grande souffrance physique et psychique, que j’ai commencé mon travail d’animatrice d’ateliers d’écriture. Sans  autre formation que ma bonne volonté. Et ma détermination : une courte semaine chez Elisabeth Bing à Paris, beaucoup d’auto-formation, de recherches afin d’élaborer des propositions d’écriture susceptibles d’intéresser ce public instable, des remises en question systématiques tant en rapport avec celui-ci qu’avec moi-même et l’écriture.

Ma direction me demandant « d’utiliser l’écriture comme prétexte » auprès d’un public souffrant d’addictions, j’ai dû me positionner par rapport à cette demande dont j’ai affiné au fil des années le contenu : « l’écriture comme prétexte » devenait thérapeutique, chaque élément de l’atelier d’écriture le devenait également : l’accueil, les temps de déroulement de l’atelier, la rédaction de propositions d’écriture précises censées cibler la problématique de tel ou tel participant afin de le soutenir dans son évolution vers l’autonomie…

L’écriture comme soutien, accompagnement, rempart contre la fragilité humaine : un objectif ambitieux qui, s’il n’a pas été totalement atteint, loin s’en faut, a permis toutefois l’émergence de quelques belles trouvailles, tant au niveau de la technicité des ateliers, que de celui de l’animation quelquefois chaotique, « sur le fil du rasoir », qu’au niveau humain.

La conduite de cet atelier a été pour moi formateur à bien des égards, notamment dans la prise en charge d’un groupe issu d’un public dit « en grande difficulté », vis-à-vis duquel j’ai dû rapidement abandonner, avec les représentations fausses que j’en avais, les quelques velléités littéraires qui m’habitaient. J’ai appris à ajuster mon comportement, travailler à la fois dans le lâcher-prise et la juste distance, imposer un cadre dans la souplesse, aiguiser mon sens de l’écoute avec tout l’humanisme qui m’habite. L’impression d’être utile aussi, de servir à quelque chose : je sentais l’émergence de la notion de plaisir à écrire chez la plupart des participants – accoutumés à bien d’autres moyens pour se procurer du bien-être.

C’est ce dernier point, la notion de plaisir, qui m’a encouragée à persévérer et à conduire d’autres ateliers d’écriture pour d’autres publics, ainsi que mon appétence pour la littérature, qui, ne trouvant pas suffisamment à s’exprimer dans ce cadre institutionnel où je me devais de gérer des contenus plus impératifs, a pu se développer dans bien d’autres ateliers…

Chaque année un recueil d’écriture réunissant textes et dessins était conçu par mes soins et ceux d’un collègue ; vous en trouverez ci-dessous des extraits.

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« Marcher sur ses mots n’est pas commun. Est-ce mieux ou pire que d’en être avare ? » Eva

 

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Texte de Isabelle

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